Japon 2002

« La structure de ce livre fondée sur une alternance répétée de sujets, dit l’intensité du regard du photographe porté sur les gens aussi bien que sur les choses. La composition de chacune des images dit la même évidence du propos, le même dépouillement, le même désir de ne pas s’égarer. Le dialogue établi entre les portraits et les natures mortes et qui sera prolongé par Jean-Baptiste Huynh dans son livre sur le Mali, rythme les pages. Mais le photographe, qui est également le metteur en page du livre, laisse ouverte la manière dont les photographies peuvent s’articuler les unes aux autres, y compris la possibilité de les regarder chacune isolément : on peut se laisser prendre par le plaisir du contraste d’une double page à l’autre, ou chercher au contraire à suivre séparément la progression de l’une ou l’autre des séries. […] Roland Barthes écrivait : « Le signe japonais est fort : admirablement réglé, agencé, affiché, jamais naturalisé ou rationalisé. Le signe japonais est vide : son signifié fuit. » De la même manière, l’identité des visages et l’usage des objets laissent place ici à un climat d’ordre spirituel, proprement irrationnel et qui enveloppe l’ensemble du livre, jusqu’à s’amplifier dans ses dernières pages.
Gabriel Bauret, expert en photographie et commissaire d'expositions.